Un juste milieu entre amour et respect! (2)

Le paradoxe de l’animal en ville

En ville et partout où l’environnement s’urbanise, le paradoxe est très net. D’un côté les citadins n’ont jamais eu autant besoin d’un lien avec les autres et avec la nature, d’un autre, la vie d’un animal en ville devient de plus en plus difficile… Après avoir exclu l’automobile, certaines villes souhaiteraient-elles aussi exclure les chiens et les ramener au stade de  »nuisance » ? Par exemple à Paris, à moins d’habiter en bordure du Bois de Boulogne, ou de Vincennes, les 150 à 200 000 chiens doivent-ils aujourd’hui se contenter pour leur bien-être d’une promenade en laisse au raz de la circulation, une source de frustrations pour les maîtres comme pour les chiens, et une vie peu compatible avec la nature canine. Peut-on reprocher ensuite aux chiens d’avoir des comportements inadaptés d’aboiement ou d’agressivité alors qu’il est si difficile de satisfaire leurs besoins primaires ?

Les promenades interdites

Selon un rapport réalisé en 2012, seulement 12,7% des espaces verts parisiens ont une zone accessible aux chiens en laisse, réduite souvent d’ailleurs à une simple allée minérale le long de l’espace vert, le reste étant interdit… Ainsi une seule zone non minéralisée (parc de Bercy) est accessible aux chiens. Un quart des arrondissements (II, III, IX, X et XVIII) ne comportent aucun espace accessible aux chiens. Enfin, de nombreux espaces autorisés sont des espaces minéralisés et dangereux par exemple en bordure de voie rapide et souvent même en entrée d’immeubles. Aucun espace de promenade sans laisse n’est prévu dans Paris intramuros.

 

Allons au Bois, oui, mais…

En métro, bus ou tramway, vous pourrez voyager avec votre petit chien à condition qu’il soit invisible ou tout au moins dans un sac de transport (45 cm maxi)…Par contre, votre labrador, votre dalmatien et tous les  »grands chiens » devront devenir chiens d’assistance pour pouvoir accéder au métro, sinon c’est interdit ! Dans le RER ou le train, les petits resteront dans leur panier alors que les grands devront s’acquitter d’un billet demi-tarif et porter laisse et muselière… Quant aux taxis, ils sont en droit de refuser votre animal, et mieux vaut les prévenir au moment de l’appel. Si vous n’avez pas de voiture, vous pourrez faire appel aux services d’un promeneur pour chiens, un nouveau métier plein d’avenir !

Dans la plupart des villes…

Si nos compagnons sont les bienvenus dans les magasins Animalis, il n’en est pas de même dans les espaces publics et les administrations (Poste, sécu…) interdits aux chiens, ainsi que les magasins d’alimentation. Pour les espaces gérés par la commune comme les mairies, les marchés, il peut y avoir des arrêtés spéciaux… Ensuite, en matière de répression, tout est encore question d’application… Doit-on refuser l’entrée à une grand-mère qui profite de la promenade de son chien pour aller acheter ses timbres ou verbaliser celle qui passe à la pharmacie en sortant de chez le vétérinaire ?

Des villes exemplaires

En France, plusieurs villes comme Lyon, Grenoble, Chartres, Toulouse, Troyes ou encore Vanves, Fontenay ou Issy les Moulineaux mais aussi Clamart, ont entrepris une politique d’éducation et d’intégration de l’animal en ville avec des canisites nettoyés quotidiennement, des espaces de promenade avec ou sans laisse, des séances d’éducation et de civisme et la mise à disposition de sachets de ramassage. La ville de Troyes avait lancé le label Toutourisme pour les villes les plus accueillantes aux « toutou-ristes ». Une démarche de labellisation des villes les plus accessibles aux animaux vient d’être entreprise par l’association Mon chien Ma ville, créée par le comité OKA.

Quelle place au quotidien ?

Selon une étude suisse récente, 85% des propriétaires d’animaux de compagnie estiment que ce dernier fait partie de la famille… Peut-on cependant considérer Rex, Minette ou Panpan comme le petit dernier ? Voir et faire vivre vos animaux selon des critères humains risque de mener à la catastrophe. A vous de créer les conditions d’une cohabitation harmonieuse !

Un membre à part et à part entière !

Vivre avec un animal, lui trouver sa juste place, demande un minimum de conseils et parfois quelques séances avec un éducateur pour mieux se comprendre. Or, en matière d’éducation canine, mieux vaut être prudent et garder son sens critique.

Faut-il nécessairement créer un rapport de force ? Pour le chien, les théories sur le rapport dominant/dominé qui ont été initiées en Allemagne en 1936, et théorisées ensuite par Konrad Lorenz, sont aujourd’hui mises à mal par des éthologues et des comportementalistes. Pour Alexandra Semyonova, par exemple, le concept d’alpha et de dominant tel qu’il avait été décrit chez le loup n’existe pas, d’autant que le chien ne vit pas comme un loup sauvage. En plus, l’humain n’étant pas un chien, il ne peut établir de rapport hiérarchique avec une autre espèce… Et ce que beaucoup appellent posture de dominance et de soumission est en réalité une forme de communication qui exprime l’anxiété intérieure du chien.

L’animal-miroir

Par ce qu’il vous sollicite l’animal est un miroir permanent qui bouleverse vos habitudes. Dotés de sens exceptionnels grâce à leur odorat mais aussi à leur toucher, votre chien et votre chat en connaissent d’ailleurs bien plus sur votre compte que vous pourriez l’imaginer. Pas une de vos émotions qui ne leur échappe ! Pas question par exemple de leur mentir sur vos intentions… leur détecteur de mensonges est infaillible.