Un juste milieu entre amour et respect! (1)

Une révolution par étapes

L’histoire du rapport de l’homme à l’animal est aussi vieille que le monde…Et il semble que la domestication des animaux pour un but utilitaire et de compagnie, soit aussi très ancienne. Les sites préhistoriques montrent de nombreux exemples de cohabitation entre l’homme et l’animal. En France, des ossements de chiens datant de 11 000 à 15 000 ans ont été découverts en 1976. En Belgique aussi, on a pu identifier un chien de type Husky datant de 32 000 ans. On ignore cependant quels étaient alors les rapports entre l’homme et le chien mais on pense qu’il fut vite une aide pour garder les biens et les troupeaux, tirer des charges.

Le chat aurait été domestiqué dès le Néolithique. Très tôt, il a été une aide précieuse pour protéger les réserves des rongeurs. Pigeons et rapaces furent utilisés comme messagers ou chasseurs. On connaît aussi le rôle essentiel du cheval dans les civilisations asiatiques, des premiers Huns aux Mongols modernes, ou encore chez les indiens d’Amérique.

Pendant des siècles les hommes ont ainsi vécu dans une très grande proximité physique avec les animaux. Ces derniers étaient certes asservis mais ils étaient omniprésents dans la vie quotidienne. Demandez aujourd’hui à un enfant d’aller rentrer un troupeau de vaches et vous pourrez évaluer le fossé qui le sépare désormais de la vie d’autrefois…

Une vraie question de société

Pour en revenir à nos moutons, la première révolution des mentalités fut celle de Darwin qui en 1859, va suggérer notre parenté évolutive avec les autres animaux. Ce cousinage avec des êtres que nous avions asservis, et bien souvent aussi exterminés n’était-il pas dérangeant ? Reconnaître l’évolution signifiait sans doute aussi, admettre la part d’animalité dans l’humain et posait bien des questions…

Aujourd’hui, scientifiques et philosophes réfléchissent toujours à la question de la place de l’animal. Singer revendique une position des plus avant-gardistes sur ce sujet. Pour lui, l’homme n’est pas supérieur à l’animal. Il ne revendique d’ailleurs pas l’égalité mais plutôt une égalité de considération. Il explique aussi que le terme de libération animale ne signifie pas qu’il faille libérer tous les animaux mais plutôt se libérer de nos préjugés vis-à-vis des animaux. Peter Singer a créé à Oxford en 1975 le Mouvement de libération animale qui s’oppose à la hiérarchisation des espèces (specisme), assimilable au racisme, au sexisme. Cette idée a été portée par les mouvements de contestation de l’époque…

Pour Singer aussi, aider les animaux n’enlève rien à l’humain bien au contraire : «La protection des humains contre les atrocités n’est pas une raison pour ignorer celle dont sont victimes les animaux »… Au cours des années, le mouvement a remis en cause l’élevage industriel intensif, et en général le droit que l’homme se donne d’user de la vie d’autrui pour son propre intérêt. Après avoir connu des phases de radicalisation importante, le mouvement est aujourd’hui orienté plutôt vers l’éducation, la sensibilisation et le lobbying politique…Il milite par exemple pour l’interdiction des poules ou des truies en batterie et pour un glissement progressif vers un régime alimentaire plus végétarien.

Pour Peter Singer, «S’il n’existe aucune autre espèce capable de raisonner comme l’homme, cela ne signifie pas que l’homme soit une valeur sacrée et ait un statut moral supérieur à celui des animaux »…