L’éducation d’un chien guide : un processus rigoureux pour une noble mission

La relation entre un chien guide d’aveugle et son maître est l’une des plus belles illustrations de la symbiose homme-animal. Comment ces chiens sont-ils formés pour accomplir une mission aussi délicate ?

 

Tous les chiens ne sont pas adaptés à la responsabilité délicate d’être un guide d’aveugle. Dès la naissance, les chiots qui y sont potentiellement destinés sont sélectionnés en fonction de leur tempérament, de leur santé et de leur aptitude à apprendre. À l’âge de 2 mois, le chiot est placé en famille d’accueil bénévole pour apprendre sa mission, puis, autour d’un an, il commence sa formation spécifique dans un centre d’éducation sanctifié par un certificat d’aptitude au guidage. 

 

Les familles d’accueil bénévoles représentent un élément essentiel à la réussite de la formation des futurs chiens-guides. Elles ont la responsabilité de leur apprendre la propreté, l’obéissance et la socialisation, elles assurent bénévolement la « pré-éducation » du chien avant son entrée en éducation à proprement parler à l’école des chiens-guides. Elles offrent au chiot un environnement stable et aimant, tout en l’initiant aux différentes situations de la vie quotidienne. C’est un moment crucial pour leur développement social et émotionnel. 

 

Sylvie, mère de famille de trois enfants a toujours vécu accompagnée de chiens, elle s’est rapprochée de Cecidev pour devenir famille d’accueil pour ces futurs chiens-guides. L’association, reconnue d’intérêt général, a été créée en 2014 à Aix-en-Provence avec pour objectif principal l’éducation de chiens-guides d’aveugles et la remise gracieuse à des personnes déficientes visuelles. « Nous avons accueilli et formé deux chiens-guides, explique-t-elle, deux labradors : Merlin à Marseille puis Sammy, une fois installés à Blois. Je trouve les chiens de travail fascinants et je voulais faire partie de cette formidable aventure ! »

 

L’apprentissage à l’école de chiens-guides

 

À l’école, l’éducation spécifique est organisée : poursuite de l’apprentissage de l’obéissance, exercices spécifiques liés à la guidance : évitement des obstacles, cheminement sur les trottoirs, passages piétons, portes, escaliers, mais aussi attitude dans les transports en commun… Le chien doit pouvoir réagir de manière appropriée dans diverses situations urbaines. Il prend aussi l’habitude de porter le harnais. « Il faut avoir à l’esprit que dans ce processus tout est excessivement protocolisé, tranche Sylvie. Nous ne choisissons pas l’animal ni son prénom et nous avons de nombreuses règles à suivre. La première année consiste à socialiser l’animal : la référente familiale de l’animal a pour interdiction de le laisser seul par exemple. Le chien m’accompagnait partout : dans les commerces, à la banque, en sortie… Ce qui implique des débats parfois animés à l’entrée des supermarchés ! L’encadrement est formalisé par un cahier des charges avec des tâches à accomplir chaque mois. Nous lui apprenons à ne jamais s’allonger au milieu d’une pièce, mais le long des murs, à ne pas se précipiter sur la gamelle et à rester bien assis : l’idée est d’éviter les bousculades lorsqu’il sera confié à la personne non voyante. » 

 

L’enseignement apporté veille à respecter le caractère du chien et à faire peser un minimum de contraintes. Pour passer son certificat d’aptitude, le futur chien-guide doit pouvoir répondre à environ 50 ordres et entre 18 mois et 24 mois, il est ensuite confié, gratuitement, à la personne aveugle ou malvoyante qu’il accompagnera. Une fois l’appariement réalisé, un travail conjoint commence pour adapter la formation du chien à son nouveau maître.

 

Un engagement à vie 

 

Même après l’appariement, la formation continue. La relation entre le chien et son maître évolue, et des sessions de formation régulières sont nécessaires pour s’assurer que le binôme chien-guide/humain fonctionne harmonieusement. Lorsque le chien atteint l’âge de la retraite, il est généralement adopté par sa famille d’accueil ou reste avec son maître, vivant ses vieux jours dans le confort. « Toute la famille doit être partante, et les plus jeunes enfants doivent bien avoir conscience que l’animal nous quittera pour accomplir sa mission deux ans après nous avoir été remis. Nous avons des nouvelles de Sammy et Merlin très régulièrement. Merlin nous reviendra quand il sera “à la retraite”, nous nous en réjouissons par avance ! »

 

L’éducation d’un chien guide d’aveugle est un processus long et méticuleux, reflétant la nature délicate de leur mission. Ces chiens exceptionnels illuminent la vie de ceux qu’ils aident, offrant non seulement une aide fonctionnelle, mais aussi une compagnie inestimable ! « Au sein de l’association, tout est aménagé pour le confort de tous : chien comme humain… Je retiens de ces accompagnements un sentiment de fierté et de contact privilégié avec l’intelligence canine, termine Sylvie. On reçoit bien plus qu’on ne donne lorsque l’on est famille d’accueil ! »