Le cancer mammaire du chat et du chien : un sujet sous-estimé

Le cancer mammaire chez les animaux est une réalité souvent négligée. Les chiennes et les chattes sont particulièrement sensibles, présentant des taux de prévalence préoccupants.

 

Le cancer des glandes mammaires chez nos animaux de compagnie demeure une question souvent occultée. Nos fidèles amis, les chiens et les chats, sont malheureusement concernés : les affections mammaires concernent jusqu’à la moitié des chiennes. Le Dr Jérémy Béguin, PhD, Dip ECVIM-CA (Oncologie), maître de conférences en médecine interne, Centre Hospitalier Universitaire Vétérinaire d’Alfort nous explique : « Nous observons une fréquence importante des cancers mammaires chez les chattes et les chiennes non stérilisées. 50% deviendront des tumeurs malignes pour les chiens et 90% chez les chats. Leur diagnostic précoce est naturellement favorable : cela permet d’éviter à la tumeur de devenir trop grosse et difficile à retirer et/ou à métastaser vers les nœuds lymphatiques et les poumons. »

Une intervention préventive, telle que la stérilisation avant l’âge de deux ans et demi, peut significativement réduire ce risque. Les femelles non-stérilisées sont à risque accru, les hormones influençant fortement la croissance des masses cancéreuses. « Chez les animaux la première cause de cancer est le statut hormonal, pour la chienne on estime le risque de développer un cancer mammaire à 0,5% si la stérilisation intervient avant les premières chaleurs, à 8% si la chienne est stérilisée entre le 1er et le 2e œstrus et cela monte à 36% après le 3e œstrus, précise le Dr Béguin. Le moment de la stérilisation est donc une discussion à avoir très tôt avec les maîtres s’il n’y a pas de volonté de reproduction. Chez la chatte, le risque diminue de 90% si la stérilisation a lieu avant les 6 mois de la femelle, après 1 an il ne diminue plus que de 10%… »

 

De l’importance de la surveillance

Il est primordial de contrôler régulièrement votre animal, notamment ses mamelles. « Nous pouvons conseiller de faire des palpations régulières, et d’être particulièrement attentif entre l’âge de 7 et 10 ans, tranche le Dr Béguin, et, au moindre doute, engager une visite chez son vétérinaire. » Tout signe d’anomalie, comme une masse ou une modification de la peau, requiert l’attention d’un professionnel. La palpation régulière est un outil précieux pour détecter les premiers signes. Tout changement peut signaler une tumeur. Un diagnostic vétérinaire est alors indispensable pour confirmer ou infirmer ces suspicions. Avant tout traitement, un examen approfondi est nécessaire pour détecter la propagation éventuelle de la tumeur à d’autres organes. La chirurgie est souvent privilégiée, parfois complétée par une radiothérapie et/ou une chimiothérapie. « En cas de suspicion, il faut établir un bilan d’extension pour vérifier les métastases aux poumons et les nœuds lymphatiques. S’ensuit une exérèse chirurgicale de la masse ou de la chaîne mammaire voire des deux chaînes mammaires. Selon le type tumoral, une chimiothérapie pourra être prescrite avec une injection toutes les trois semaines pendant 6 séances en moyenne. À la différence des humains, 80% des animaux ne ressentent aucun effet secondaire lors du traitement. Dans 15 à 20% des effets secondaires seront marqués, mais gérables à la maison et seulement 5% demanderont à être réglés dans le cadre d’une hospitalisation »

 

L’alimentation demeure un facteur crucial pour le bien-être de l’animal malade. Une nourriture adaptée, riche en éléments nutritifs, est essentielle pour maintenir sa force. Il est également recommandé de consulter son vétérinaire pour adapter son régime alimentaire. Selon son diagnostic et ses conseils, il est crucial d’adopter une alimentation thérapeutique pour soutenir l’immunité de l’animal et lutter efficacement contre la maladie. « En ce qui concerne l’alimentation pendant la maladie, il importe que l’animal continue de bien manger, précise le Dr Béguin, il est possible pour cela de stimuler son appétit ou de lui donner certains aliments spécifiques à appétence augmentée. Pour cela, prenez conseil auprès d’un vétérinaire. »

 

Le cancer mammaire chez les chiens et les chats est un problème sérieux qui mérite une attention accrue. La prévention, la détection précoce et une prise en charge adaptée sont essentielles pour leur bien-être. Un diagnostic précoce peut considérablement augmenter les chances de survie de l’animal ! « La bonne nouvelle, conclut le Dr Jérémy Béguin, c’est que nous avons de plus en plus de connaissances sur les cancers et de plus en plus de molécules et d’options thérapeutiques à notre disposition pour les soigner… »